Kalaallit Nunaat, « La terre des hommes » en Inouit. Nous sommes au bout de la piste d’Aasiaat, tous freins bloqués, les deux moteurs du Dash 8-200 sont à plein régime… Nous allons prendre notre envol pour Kangerlussuaq, la contrée du Bœuf Musqué et celle de l’Airbus A 330 d’Air Greenland qui nous ramènera, tard ce soir…, à Copenhague.
Je ferme les yeux, les freins lâchent et l’avion est catapulté dans l’air brouillassé qui a accompagné notre fin de séjour. C’est bon ! Nous aurons nos correspondances… dans ce pays les conditions météorologiques rythment les déplacements de la population locale plus aguerrie que nous aux modifications du plan de vol (Ce jour-là les vols pour Nuuk seront suspendus…). Déjà il y a dix jours, lors de notre arrivée, nous avions été déroutés sur Ilulissat après une tentative d’atterrissage à Aasiaat… Belle découverte que cette ville (elle a des rues goudronnées, avec des voitures…) de 5500 habitants classée au patrimoine de l’UNESCO pour son point de vue magnifique sur l’Icefjord et les Icebergs qui dérivent lentement dans la baie de Disko…
Quelle représentation pourrions-nous nous faire de cette partie de la côte ouest du Groenland ? (Il serait prétentieux de parler de manière plus générale tant le Groenland est immense – 4 fois la grandeur de la France – un seul voyage n’y suffirait pas !). Disko c’est cela : des espaces surdimensionnés, avec :
Côté montagnes la calotte glaciaire (l’IceCap) à l’Est qui dessine un vague horizon que nous pouvons facilement confondre avec les nuages ; elle déverse ses glaciers émissaires dans d’immenses fjords jusqu’à la mer. Les fronts de ces glaciers font plusieurs kilomètres de large (souvent 5 km) et ils vêlent d’énormes volumes de glaces dans la mer ;
Et côté mer, les icebergs, véritables immeubles de glace flottante, donnent une perspective à la mer de Baffin avec ces éclairages si particuliers qui viennent réchauffer l’horizon, le soleil qui tangente et qui, comme nous, semble ne pas vouloir se coucher. Ces glaçons qui vont de la taille d’un verre d’eau formant le « Crumble » de surface, à celle de l’iceberg de plusieurs dizaines de mètres de hauteur (nous en avons mesuré un de 37 mètres) alors que seulement 1/10e de leur masse dépasse de l’eau, vous pouvez donc imaginer la taille de la quille de ces icebergs !
Je rouvre les yeux, l’avions comme moi est dans les nuages. Encore un beau voyage ! J’étais bien accompagné, avec mes fidèles amis « la famille Conso » et Lucie mon épouse. Enfin ce séjour sera marqué par la rencontre de Nolwenn et Pauline, l’équipage de l’Ivilia le bateau. Ils ont su nous faire partager leurs connaissances pour ce pays qui les passionnent tant. La faune, la flore, la glaciologie, les sciences de la Terre, l’histoire et la vie des Groenlandais enrichies par leur expérience de l’hivernage dans la baie d’Uummannaq et bien d’autres sujets encore sont abordés tant leur appétit pour la recherche et les sciences est intarissable.
Ce séjour restera comme une très belle découverte du Groenland, il combine parfaitement la navigation à bord du voilier Ivilia et le partage des connaissances avec Nolwenn et Pauline, ainsi que les randonnées à terre (pédestres et/ou glaciaires) dans un environnement sauvage d’une rare beauté. A vivre absolument !